Cuisiner les fruits du jardin de son voisin ?

 

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Betty habite Chatou, une charmante ville de la banlieue ouest de Paris. Elle est secrétaire de direction, élève seule deux adolescents hyperactifs et affamés, et se livre dès qu'elle le peut à son occupation favorite, la cuisine. "La première chose que je fais quand je rentre chez moi après le travail, c'est d'aller dans ma cuisine. Tout le stress de la journée s'évacue dès que j'ouvre mon réfrigérateur et que je sors une casserole ". 

La cuisine comme remède contre le stress du quotidien

De son poste de commandement, elle peut observer tous les mouvements de va-et-vient de son appartement : " Vous savez à cet âge, mes enfants sont plus souvent dehors ou enfermés dans leur chambre qu'en train de faire leurs devoirs sur la table de la salle à manger ! ". Mise à part une étagère croulant sous le poids des livres de recettes, sa cuisine au look des années quatre-vingt, est une pièce plutôt sobre pour une férue d'art culinaire. " Je cache tout mon fourbi dans un cagibi suffisamment grand pour y stocker des réserves pour plusieurs mois. Je n'ai pas de dressing, mais en revanche, je possède une cachette remplie de trésors gourmands ! ".  

Dans tous les jardins, il y a trop de récoltes gâchées par manque de temps et de savoir-faire

C'est sur l'itinéraire qu'elle emprunte quotidiennement pour se rendre à la gare que lui est venue l'idée du troc. " Je voyais des arbres fruitiers par-dessus les grilles, tellement chargés que les fruits pourrissaient sur place. Ça me faisait vraiment mal au coeur d'assister à tout ce gâchis ". En 2013, Betty propose d'échanger les surplus de récoltes non traitées des jardins à proximité de chez elle contre des produits cuisinés sur pretersonjardin. Une annonce accompagnée d'une jolie photo mettant en scène quelques-unes de ses réalisations faites maison. Trois mois plus tard, Anne-Claude la contactait. " On était fin août, en pleine saison des quetsches ! " se rappelle Betty avec un brin d'excitation dans la voix. Depuis, deux autres propriétaires de jardin sont venus frapper à sa porte, et passé le premier essai de transformation fruits / produits maison, la confiance s'est établie et la régularité s'est installée. " Ça fait presque trois ans que je n'ai plus acheté de fruits ". Pommes, abricots, prunes, framboises ….  son garde-manger ne désemplit pas durant la belle saison. 

 

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 Confitures et chutneys

 Pour une passionnée de cuisine qui passe de longues heures par semaine derrière ses fourneaux, s'organiser a été chose facile. À chaque surplus de récolte livré, elle donne un tiers de ses produits finis. " Dès le départ, j'ai décidé de ne troquer que des produits de longue conservation. Ça permet de regrouper les livraisons, et les gens aiment pouvoir les consommer quand ils veulent ". 

 

Si ses chutneys sont très prisés, ses confitures et ses fruits au sirop sont appréciés d'autant plus que Betty apporte toujours une touche d'originalité dans leurs recettes. Une pincée de piment par-ci, un peu gingembre par-là, et le plaisir de cuisiner qui se ressent partout : " Pour moi, regarder bouillir des fruits dans une marmite, je peux vous assurer que c'est plus efficace qu'une séance de méditation ! ". 

 

Une façon de s'ouvrir à l'autre et de bénéficier solidairement de ses compétences

Le troc de fruits et légumes contre des produits cuisinés est encore peu répandu en France. Pourtant, par manque de temps ou de savoir-faire, nombreux sont les propriétaires de jardin qui souhaiteraient pouvoir profiter pleinement de leurs récoltes plutôt que de laisser les oiseaux s'en charger. Sans compter les économies qu'ils feraient en confiant à un sympathique voisin le soin de les cuisiner pour eux. Le troc est non seulement un moyen de ne pas gâcher, mais c'est aussi un excellent prétexte pour s'ouvrir à l'autre et bénéficier solidairement de ses talents. 

 

Concernant les avantages du troc, Betty n'est plus à convaincre. Et la voilà déjà sur le pied de guerre, comptabilisant bocaux et kilos de sucre devant la porte ouverte de son cagibi : " c'est bientôt l'époque des cerises, alors je me prépare. Vous vous rendez compte que l'année dernière, j'ai vu sur le marché des cerises à 12 euros le kilo ! ". En effet, ça laisse songeur …

 

 

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